A l’issue des élections législatives de 2024, le premier ministre sortant Nahendra Modi a été reconduit pour un troisième mandat à la tête de l’Union indienne, un Etat entré récemment dans le club des dix premières puissances économiques mondiales, et devenu au printemps dernier le pays le plus peuplé du monde, avec 1 milliard 417 millions d’habitants, devant le milliard 412 millions de Chinois. Autrement dit, il a gagné largement plus d’un milliard d’habitants depuis son indépendance en 1947 où sa population avoisinait les 328 millions (en excluant les Pakistanais)[1]. Ajoutons qu’un habitant sur deux y est âgé de moins de 28 ans, ce qui laisse prévoir une courbe démographique ascendante pour longtemps encore.
Spontanément, l’observateur s’interroge sur l’avenir de cette Union dont tout laisse supposer qu’elle est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans le monde. Pourtant, elle souffre de faiblesses congénitales qu’il convient d’analyser en commençant par quelques rappels historiques.
Une société fermée par sa religion
A l’instar de l’Europe, l’Inde est d’abord une civilisation, reposant sur une vision religieuse du monde qui a pu rayonner au-delà de ses limites géographiques, mais où la division de sa population entre castes immuables lui interdit tout projet d’expansion intégrale, contrairement aux modèles universalistes que peuvent être les autres religions : christianisme, islam, bouddhisme… En quelques phrases, nous dirons qu’il y existe une âme du monde, d’essence divine, le brahman, auquel des morceaux ont été arrachés pour être incarnés dans le règne animal au sens large, rassemblant les hommes et les bêtes : telle est l’origine de l’atman, l’âme, qui réside quand tous les corps de ce règne. Le but de chacun est d’accomplir son devoir (dharma) en fonction de la place qui lui a été assignée à sa naissance, puis sa renaissance, suivant un cycle de réincarnations appelé samsara. Une fois sortie du monde animal pour intégrer le monde humain, l’âme entre dans un système de castes, les quatre castes fondamentales étant, par ordre ascendant, les gens de peu, serviteurs, etc. (shudras), les commerçants (vaishas), les guerriers et les princes (kshatryas), enfin les religieux (brahmes). Ceux auxquels il est impossible d’attribuer une caste sont les Intouchables, une population méprisée. On comprend qu’avec un tel système, l’expansion de la civilisation indienne dans le monde soit impossible, sinon sous sa forme hérétique bouddhiste où les castes n’existent plus. C’est donc seulement dans la péninsule, souvent appelée « le Sous-continent indien »[2], que pouvait se développer cette civilisation, et son développement a été purement démographique, par l’augmentation de sa population.
Une diversité ethnico-linguistique
Cette communauté de civilisation (nous n’évoquons pas encore la composante musulmane) recouvre une diversité ethnique et linguistique importante. L’Union indienne d’aujourd’hui reconnaît officiellement 22 langues, mais on en recense 270[3]. Et encore ces chiffres sont-ils contestés : une enquête non gouvernementale lancée en 2010 à l’initiative de l’intellectuel Ganesh Narayandas Devys – originaire de Bombay – parue dans le journal The Hindu à Calcutta le 22 juillet 2013, faisait état de 66 alphabets différents et plus de 780 langues[4].
Toutes ces langues se répartissent, schématiquement, en deux groupes : au sud, des langues dravidiennes, les plus anciennement parlées, comme le tamoul, le télougou, le kannada etc., que l’on remonte au IIIe millénaire AC ; au nord, les langues appartenant au groupe indo-aryen, issues d’un brassage remontant aux invasions aryennes (iraniennes) du IIe millénaire AC. A lui seul, le groupe indo-aryen représente, avec 1,5 milliard de locuteurs, la moitié des locuteurs du groupe indo-européen. C’est dans cette langue que l’on trouve le sanskrit, et les grandes œuvres religieuses, le véda (« connaissance », ou « vision » : on voit le lien avec le latin videre, voir) ; et les récits mythologiques, le Mahabharata[5], une épopée qui se déroule au nord-ouest, à la jonction avec l’univers iranien, ou le Ramayana (la geste de Rama) qui se déroule dans le nord.
Par commodité, l’anglais et l’hindi sont les deux langues pratiquées au niveau « national », mais parmi les langues purement indiennes, l’hindi est la langue la plus parlée, avec 40% de locuteurs, loin devant le bengali (8%) ou le tamoul (6%). Toutefois cette prépondérance du hindi ne coïncide pas avec la répartition géographique : de vastes régions du pays ne le pratiquent pas, comme le montre la carte ci-dessous :
(Crédit : Nataraja)
Ainsi, la domination de l’hindi, non seulement repose sur une majorité seulement relative de locuteurs, mais en outre s’étend sur une partie minoritaire du territoire.
A cette diversité linguistique s’ajoute, on pourrait même dire : correspond, une diversité ethnique, mais que l’on peut synthétiquement rassembler en deux grands groupes.
Les Indo-Aryens du nord, qui sont descendus vers 1800 AC jusqu’au centre de la Péninsule, allant des Assamais, des Bengalis, des Cachemiris, des Pundjabis au nord, jusqu’aux Hindis et Marathes du centre.
Les Dravidiens du sud : Tamoul, Téloulous, Malayalis etc. Ces populations ont toujours échappé à la domination du nord (à l’exception d’un statut de vassalité sous l’empire maurya) jusqu’à l’installation des Britanniques.
Une unité historiquement instable
En effet, la longue histoire de l’Inde montre que jamais, avant le Raj[6] britannique, la Péninsule n’a été unifiée, il s’en faut même de beaucoup.
Au VIe siècle AC, voisinant avec l’Empire perse achéménide fondé par Cyrus le grand, le nord de la Péninsule est divisé en seize royaumes (à cette même époque, qui est celle de Confucius, Lao-Tseu et Sun-Tzu, la Chine présente des caractéristiques comparables). Seul le royaume d’Assaka occupe une position centrale :
On peut parler d’une première entreprise d’unité tout relative avec l’éphémère empire Nanda qui, pendant une vingtaine d’années, de 345 à 321, s’est étendu du Bengale au Pendjab. Plus à l’ouest, dans la vallée de l’Indus, s’étendait d’autres Etats, notamment le royaume des Pauravas dont le roi Poros dut affronter Alexandre le conquérant[7].
En revanche, les désordres consécutifs à la retraite des troupes macédoniennes ont permis au successeur immédiat du Nanda, l’empire Maurya, de s’étendre bien au-delà de l’Indus, mais aussi jusqu’au sud et au nord-est, imposant un tribut à l’Assam, au Kerala, au Tamil Nadu et même à Ceylan.
C’est le seul moment où, de 321 à 185 AC, la Péninsule a été presqu’entièrement unifiée : il faudra attendre la période britannique pour que se reproduise le même phénomène, quoique l’empire moghol (1526-1857) ait, au XVIIe siècle et avant d’être combattu par l’empire marathe, recouvert presque le même espace que celui des Mauryas.
Dans l’intervalle, des grands royaumes à vocation impériale se sont développés, mais sans jamais connaître une extension comparable, au nord aussi bien qu’au sud ; citons les plus célèbres : Kouchan, Gupta, Pandya, Marathe… Ces épisodes ne doivent pas faire oublier que la Péninsule était constituée d’une myriade de principautés : à la fin du Raj britannique en 1947, elle comptait encore 565 Etats princiers[8], mais on en avait dénombré autrefois environ 700.
En évoquant l’empire moghol, dont la dynastie était musulmane, nous abordons la question la conquête islamique qui a commencé en 712, donc bien avant lui, une année seulement après le début de l’invasion de l’Espagne.
Notre connaissance de cette longue période doit beaucoup à un historien de culture persane, (1560-1620), venu vivre dans le Dekkan, au centre de l’Inde, dans le royaume de Bijapur[9] où il a occupé une fonction à la cour du sultan Ibrahim Adil Shah II (1580-1627) qui attirait à lui les artistes et les intellectuels. Il rédigea jusqu’à sa mort une Histoire complète (Ketabi Temam) de l’Inde en douze volumes[10], couvrant la période allant de 975 à 1612. Ce qu’il décrit est une longue suite de massacres et de destructions sans équivalent dans l’histoire mondiale, compte tenu de leur durée. Ce souvenir, encore exacerbé par le regain de violence islamique contemporaine, explique le sentiment entretenu à l’heure actuelle par le parti hindouiste radical au pouvoir, le BJP : nous y reviendrons.
L’arrivée des Européens
Ici comme ailleurs, ce sont les Portugais les premiers qui, ayant inventé la caravelle, navire sans rameurs, abordent par la mer les rivages du bout du monde. Afonso de Albuquerque (1453-1515) débarque à Goa le 10 février 1510, accueilli comme un libérateur par la population hindoue jusqu’alors soumise au pouvoir du sultan iranien de Bijapur, Youssouf Adil Shah (1450-1510), arrière-grand-père du sultan précédemment cité. Albuquerque et ses successeurs, venus d’un pays faiblement peuplé, encourage les colons portugais à épouser les femmes indigènes, créant ainsi une population eurasiatique, quoique sur un territoire limité au littoral, ne s’aventurant pas à l’intérieur du Sous-continent. Dans un premier temps, leurs comptoirs se multiplièrent sur les deux côtes ouest et est :
Puis leur thalassocratie fut disputée par d’autres puissances européennes qui souvent prirent leur place ou bien installèrent leurs propres comptoirs, principalement des Hollandais, des Anglais et des Français :
(Crédit : Association des amis de Mahé de La Bourdonnais)
La France, en nouant des alliances avec plusieurs souverains de la Péninsule, semblait bien placée pour exercer bientôt une prépondérance, notamment sous la conduite du général Charles de Bussy (1718-1785), mais à l’occasion de la guerre de Sept ans, sous le règne de Louis XV, une armée de la Compagnie anglaise des Indes orientales, commandée par Robert Clive (1725-1774), défit les troupes du jeune nabab du Bengale, Siraj al Daoula (1733-1757), allié des Français, à la bataille de Plassey (Palashi) le 23 juin 1757 : de ce jour commence l’expansion des Britanniques à l’intérieur de la Péninsule, puis de Ceylan (qui, formellement, n’a jamais appartenu à l’Empire des Indes), et de la Birmanie[11].
Une langue impériale nécessaire
Couvrant le maquis des langues locales, sous l’empire moghol, le persan était la langue impériale, celle de l’administration. A partir de 1837, la mainmise sur la Péninsule de Compagnie anglaise des Indes orientales se voyant confirmée et renforcée, l’anglais le remplaça, pour remplir un rôle d’autant plus nécessaire que, désormais, l’Inde (ou plutôt, « les Indes », comme on disait couramment) était devenue un seul vaste territoire unifié par un même dominateur. On sait qu’en 1857, une révolte de cipayes[12], se réclamant du Grand Moghol Bahadur Shah (1775-1862) régnant depuis Delhi sur un territoire depuis longtemps réduit à peu de chose, fut réprimée avec rigueur, à la suite de quoi ce qui restait de la monarchie moghole fut dissout, mais aussi la Compagnie des Indes orientales, pour laisser place à la monarchie britannique elle-même ; vingt ans après fut proclamé un Empire des Indes avec Victoria pour première impératrice. Dans l’intervalle, beaucoup de royaumes compromis dans la révolte avaient été eux aussi dissous, directement administrés par l’Angleterre, du moins par un vice-roi, mais nous avons vu qu’il en restait encore plusieurs centaines au sein du Raj britannique, ayant un statut de vassalité.
Carte de l’Empire des Indes en 1909
L’unification des Indes par l’Angleterre
L’Angleterre respectait donc la diversité politique, ethnique, linguistique et religieuse du Sous-continent, mais son administration efficace et le progrès technique y nouèrent des liens de plus en plus serrés qui rapprochèrent ses parties les unes des autres : par exemple, le chemin de fer permit, comme partout ailleurs dans le monde, de relier entre elles les villes principales. De même, les universités dispensaient leurs cours dans la langue impériale, jouant le rôle du latin dans l’Europe médiévale : dès 1857 étaient fondées les trois universités de Calcutta, Madras et Bombay. Celle de Calcutta demeure encore aujourd’hui la plus prestigieuse ; sous le régime du Raj, elle forma l’écrivain, compositeur et peintre Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature en 1913, ou le physicien Chandrashekhara Râman, prix Nobel de physique en 1930. D’autres universités suivront : Lahore en 1882, Patna en 1917, Hyderabad en 1918, Lucknow en 1921, Delhi en 1922, Visag en 1926, Agra en 1927, etc., sans compter d’innombrables établissements d’enseignement primaire et secondaire à la mode britannique (rythme scolaire, uniformes typiquement anglais…), formant les élites indiennes à des sciences sous-tendues par les structures mentales induites dans la langue anglaise. En somme, une élite « indo-anglaise » était née, un peu comparable à l’élite gallo-romaine de jadis, bien que la domination romaine sur les Gaules ait duré beaucoup plus longtemps que la britannique sur les Indes. Rappelons par exemple que Gandhi aura suivi ses études de Droit à Londres entre les âges de 18 et 21 ans, et fut inscrit comme avocat au Barreau de Londres.
Naissance et évolution du Congrès National Indien
L’administration de la péninsule par le Raj inspira à ces élites un sentiment d’unité qui aboutit à la création en 1885 d’un Congrès National Indien (Indian National Congress)[13] réclamant que les élites éduquées du pays soient autorisées à administrer l’Empire des Indes à égalité avec les Britanniques. Par un curieux retour des choses, son principal inspirateur ne fut pas indien, mais écossais, Allan Octavian Hume (1829-1912), un ancien administrateur – devenu célèbre pour ses travaux d’ornithologie. Agacé par les défauts de l’administration coloniale[14], convaincu que l’élite indienne devait de toute façon y participer, attiré même par certains aspects spirituels de l’hindouisme, il avait sollicité, dès 1883, plusieurs diplômés de l’Université de Calcutta pour fonder son organisation ; c’est finalement à Bombay que devait se tenir la première réunion. A l’origine, il ne s’agissait nullement de se séparer du Royaume-Uni, mais il est révélateur que le mot « national » soit apparu dans cette dynamique, malgré la diversité des populations concernées : le fait qu’Hume, comme beaucoup d’autres administrateurs des Indes, soit lui-même écossais, lui permettait de concilier le sentiment national et l’appartenance à un ensemble plus vaste, en l’occurrence, l’Empire britannique étendu sur quarante millions de kilomètres carrés d’un bout à l’autre du monde. Son premier président fut Womesh Bonnerjee (1844-1906), lui-même formé au Droit à Londres, et secrétaire de la London India Society, un nom qui à lui seul est un programme d’intégration des élites indiennes aux élites britanniques.
Allan Hume, fondateur de l’Indian National Congress
On serait tenté de penser que l’histoire aurait pu suivre un cours différent si les Britanniques avaient accepté cette évolution ; d’ailleurs le premier député à la Chambre des Communes issu de l’Empire avait été un Indien, un Parsi[15] de Bombay, Dadabhai Naoroji (1825-1917)[16]. Mais le destin des empires est invariablement de finir un jour, et l’expérience de l’Empire portugais, qui a duré beaucoup plus longtemps, est là pour nous le rappeler, malgré une politique coloniale plus favorable au métissage. En tout état de cause, devant le refus obstiné des Britanniques d’accueillir les élites qu’ils avaient pourtant formées eux-mêmes, l’INC se radicalisa, réclamant, à l’instar de la revendication irlandaise d’un Home rule, un Svaraj indien[17].
Une difficulté se posait cependant : en 1885, parmi les délégués du Congrès, deux seulement étaient musulmans. Cette population, la deuxième en importance derrière les Hindous et devançant de très loin toutes les autres, était donc sous-représentée. Les Britanniques voyaient dans cette disproportion un signe que les Indes ne pourraient jamais devenir une Inde indépendante, parce que trop diverse ; leur rôle à eux étant précisément de permettre à ces populations de vivre ensemble sous leur férule.
Ce qui a permis au mouvement indépendantiste de déjouer cette politique londonienne, c’est la création, de son côté, d’une Ligue musulmane qui, à Lucknow en 1916, s’engagea à lutter de concert avec les Hindous contre la domination britannique.
Mais le nom de la Ligue musulmane était All India Muslim League, ce qui signifiait qu’elle prétendait défendre les intérêts de tous les musulmans vivant aux Indes. Le projet portait donc en lui les germes d’une division religieuse menaçant de virer au conflit interne pur et simple, à moins que l’on ne s’entendît sur la lutte commune pour l’indépendance, et ensuite sur la partition du pays sur cette base religieuse, la population musulmane étant trop importante pour accepter de vivre avec un statut de minorité dans un ensemble largement dominé par les Hindous.
L’idée en est venue d’un intellectuel pendjabi, Mohamed Iqbal (1877-1938) dont la famille, très anciennement connue, était des brahmanes du Cachemire convertis à l’islam : il est utile de rappeler cela pour comprendre l’amertume antimusulmane qui aujourd’hui anime le BJP au pouvoir. Mais c’est un leader politique, Mohamed Jinnah (1876-1948) qui se chargea de la mettre en œuvre : il fut un allié des Hindous, puis un séparatiste intransigeant, au grand dam du leader hindou Jawaharlal Nehru (1889-1964) et de Gandhi.
L’héritage impérial du Raj britannique
Accédant à l’indépendance en 1947, le Raj fut donc aussitôt coupé en trois parties géographiques couvrant deux Etats distincts. Jinnah avait obtenu que l’on procédât à la partition du pays en un Etat hindou (du moins à très forte majorité hindoue), appelé Union indienne, et un Etat musulman, appelé Pakistan (le « pays des purs »), lui-même séparé en un Pakistan occidental, avec sa capitale Karachi – remplacée vingt ans plus tard par la ville nouvelle d’Islamabad – et le Bengale oriental, renommé en 1956 « Pakistan oriental » pour renforcer l’unité artificielle de cette république islamique coupée en deux par l’Union indienne sur deux mille kilomètres de large.
Cette partition provoqua un grand mouvement d’exode de part et d’autre, les Hindous du Sindh (l’ouest) abandonnant tout pour fuir vers l’est, et les Musulmans fuyant à l’ouest, vers le Pakistan occidental, ou bien à l’extrême-est, vers le Pakistan oriental, le futur Bangladesh. Sur les 15 millions de déplacés, on compta 1 million de morts.
Contrainte de subir cette partition douloureuse, l’Union indienne entendit toutefois recueillir l’héritage impérial des Britanniques, et même exprima des revendications territoriales au-delà du périmètre historique du Raj. Dès 1948, l’Etat d’Hyderabad, peuplé alors de 16 millions d’habitants et presque aussi grand que la Roumanie, fut qualifié par Sardar Patel (1875-1950)[18], le bras droit de Nehru, « d’ulcère dans le ventre de l’Inde » : il faut dire que cet Etat princier n’avait été sous le Raj qu’un protectorat britannique, et à ce titre avait joui d’une plus grande autonomie, de sorte que son prince, le nizam Asaf Jah VII, estimait que son pays avait droit à une indépendance pure et simple. Delhi envoya une armée de 35.000 hommes conquérir le pays en cinq jours, puis le démembra en trois parties selon ses trois langues parlées, marathi, télougou et kannada, pour les donner aux régions voisines. La conquête, présentée comme une opération de police, occasionna plusieurs dizaines de milliers de morts selon le Gouvernement indien lui-même.
Par-delà le nombre de victimes des deux exodes simultanés entre l’Union indienne et le Pakistan, la partition de 1947 entraîna d’autres difficultés d’interprétation : que faire des Etats princiers dont le souverain professe une religion et son peuple une autre ? Dans l’Etat du Gujarat, patrie de Gandhi et que Modi a gouverné, le nabab musulman de la principauté de Junagadh, Mahabat Kandji III (1898-1959), aurait préféré se joindre au Pakistan, mais son peuple étant à 80% hindou, l’armée indienne envahit le royaume pour le dissoudre dans la région de Saurashtra. Plus problématique fut le cas du Cachemire, dont à l’inverse, le maharajah Hari Singh (1895-1961), de confession hindoue, régnait sur un peuple majoritairement musulman. Face à une invasion de Pachtounes venus du Pakistan voisin, il demanda l’aide militaire de l’Union indienne qui intervint à condition qu’il lui cède son Etat. Hari Singh accepta l’aide en échange d’une promesse d’organiser un referendum, qui n’eut jamais lieu, et depuis lors, le Cachemire, pomme de discorde ayant motivé une première guerre indo-pakistanaise interrompue le 31 décembre 1948 sur intervention de l’ONU, est partagé en deux zones : pakistanaise au nord et à l’ouest, indienne au sud[19].
Encore ces différents incidents militaires se produisirent-ils sur le territoire de l’ancien Raj. Mais l’irrédentisme de l’Union indienne visa ensuite des territoires qui n’avaient pas été britanniques, tout en appartenant à la géographie indienne. Les cinq comptoirs français, avec leur capitale Pondichéry, cédèrent sans difficulté aux revendications indiennes : le premier à être annexé, dès 1951, fut Chandernagor où d’ailleurs les Français étaient moins nombreux que les autres Européens ; on ne déplora pas d’incident, sauf à Yanaon, la ville la plus attachée à la France, dont le maire et écrivain Samatam Krouschnaya (1875-1954) fut assassiné en criant « Vive la France », dans des circonstances un peu floues qui permirent à l’Union indienne d’affirmer qu’elle n’y avait été pour rien. Dans les autres comptoirs, on peut dire que les Français, peu nombreux, partageaient en général le sentiment de leur ministre des affaires étrangères, Georges Bidault, résigné au « mouvement général des choses » : la cession des quatre comptoirs restants eut lieu en 1954, tandis que la France quittait également l’Indochine.
En 1961, Nehru envahit militairement l’Inde portugaise[20], vieille de 450 ans, puis y organisa une submersion démographique et religieuse destinée à effacer progressivement l’identité goanaise : aujourd’hui, quand on visite les anciennes fortifications, on peut lire dans ses salles des panneaux de propagande visant à faire croire au peuple – très majoritairement immigré ici – que la population goanaise de souche se battait unanimement pour son annexion, mais c’est une histoire reconstruite.
En 1961, la mode était aux décolonisations européennes, personne ne pouvait concevoir que la patrie de Gandhi puisse substituer son propre un impérialisme à un autre. En 1971, l’Union indienne profita des tensions entre le Pakistan occidental et le Pakistan oriental – celui-là victime, il est vrai, d’une centralisation absurde depuis Islamabad – pour imposer militairement la sécession de cette province bengalie, devenue Bangladesh. En 1975 enfin, une intervention armée aboutit à l’annexion du royaume himalayen du Sikkim[21].
Pourtant sa frustration territoriale demeure, en particulier devant la Chine qui a conquis le Tibet en 1952 et s’est ainsi rendue maîtresse d’un château d’eau alimentant toute la vallée du Gange jusqu’en Indochine, soit près d’un milliard d’habitants. Le fait de s’être dotée de l’arme nucléaire s’explique par son souci de rivaliser avec l’autre géant démographique, tandis que la bombe pakistanaise ne vise qu’à dissuader l’Union indienne d’une nouvelle attaque.
De l’irrédentisme au rêve d’unification interne
Jusqu’à l’aube du XXIe siècle, le Gouvernement de New Delhi était dominé par le Congrès national indien et sa « dynastie » issue de Nehru ; notamment sa fille Indira Gandhi – usant d’un homonyme conjugal sans lien avec le Mahatma[22], mais bien commode pour la communication de masse. Puis, en 2014, avec l’accession au pouvoir de Narendra Modi, chef du Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP), une « vague safran »[23] a entraîné deux conséquences politiques majeures.
La première est l’arrivée au pouvoir d’un extrémisme religieux hindou, répliquant au fanatisme musulman responsable de plusieurs attentats : en 2002, au Gujerat, que gouvernait alors Modi, 59 hindous périssent dans l’incendie de leur train allumé par des musulmans ; en 2008, Bombay est le théâtre d’attaques islamistes faisant 175 morts. Ces incidents, aussi graves soient-ils, ne déparaient pas vraiment avec d’autres plus anciens, en particulier ceux de la Partition de 1947, c’est pourquoi il convient d’expliquer l’arrivée du BJP au pouvoir en remontant à des causes plus radicales.
Modi, né en 1950, donc après l’indépendance, a été formé idéologiquement au sein du RSS, Rashtriya Swayamsevak Sangh, « Organisation patriotique nationale », un mouvement fondé en 1925 par Keshav Hedgewar (1889 – 1940), médecin à Nagpur[24]. L’initiative pourrait être comparée à la fondation des Frères musulmans par Hassan el Banna en Egypte trois ans plus tard, car elle consiste à encadrer la population en lui portant secours et assistance, mais y ajoutant une nuance paramilitaire que n’a pas la confrérie des Frères musulmans : sa jeunesse est revêtue d’un uniforme kaki inspiré de celui de la police britannique.
Keshav Hedgewar, fondateur du RSS
Le rêve d’unification religieuse
Le rêve du RSS est de rendre à l’Inde sa pureté originelle pré-islamique, de sorte que ni l’indépendance de 1947 ni même l’annexion de territoires n’ayant jamais relevé du Raj ne lui suffisent : la lutte doit se poursuivre, cette fois-ci à l’intérieur des frontières, contre un envahisseur beaucoup plus ancien, l’islam, qui a dénaturé une grande partie de la population indienne. C’est la raison pour laquelle, en 1948, un membre du RSS, Nathuram Godse (1910-1949), a – mais de sa propre initiative – résolu d’assassiner Gandhi qui préconisait une vie commune et harmonieuse entre hindous et musulmans. La frustration des fondamentalistes hindous est exacerbée par le fait que rien de visible ne distingue un Pakistanais ou un Bangladeshi d’un Indien : plusieurs langues sont parlées en commun de part et d’autres des frontières, les types physiques sont les mêmes, et jusqu’à la cuisine, n’étaient les interdictions du porc d’un côté, de la vache de l’autre – mettons de côté le végétarisme, en usage chez 25% d’Hindous – seule s’impose donc la différence de religion. Or, la religion originelle est l’hindouisme ; l’islam, lui, n’est que le fruit d’une invasion sanglante : voilà donc l’horizon de la prochaine libération nationale, et tel est le thème de l’hindoutva, l’hindouïté, comparable à la négritude, ou plus encore au panslavisme et au pangermanisme, dans ce qu’elle porte de revendications politiques. Dans cet esprit a été fondé en 1980 le BJP, qui a profité de l’usure du pouvoir affectant l’INC pour accéder aux commandes de l’Union derrière Modi en 2014.
Modi a d’abord été nommé à la tête du Gujurat en 2001 comme « ministre en chef » assumant l’exécutif et responsable devant l’assemblée de l’Etat[25], succédant à Patel, lui-même ancien membre du RSS puis du BJP. Il y exerça quatre mandats consécutifs jusqu’à son accession au poste de premier ministre de l’Union en 2014. Suite à l’incendie du train ayant provoqué la mort de 59 hindous en 2002, il avait été accusé d’avoir laissé la population se livrer à des représailles sur les musulmans qui perdirent environ un millier des leurs. Huit ans plus tard, un jugement fédéral de la Cour suprême avait conclu à l’absence de preuve à ces allégations. Mais après son élection à la tête de l’Union, un tribunal de New York, prétendant à la juridiction universelle, le somma de répondre sous trois semaines d’une accusation de « génocide », ce qui eut pour effet de rapprocher sa politique internationale de celles des grands adversaires de l’Amérique : la Russie d’abord, et la Chine, pourtant sa grande rivale. Quant à sa politique intérieure tournée contre les musulmans (181 millions de sujets, 15% de la population totale), elle ne changea pas d’un pouce ; on peut d’ailleurs lui ajouter une hostilité déclarée à l’égard des chrétiens (32 millions de personnes, soit 2,3% de la population)[26].
A vrai dire, l’émergence d’un sentiment islamophobe n’a pas attendu l’arrivée de Modi au pouvoir ; autrement dit, ce n’est pas lui qui a créé ce sentiment, quoique l’on puisse supposer que l’action idéologique du RSS, étendue sur plusieurs dizaines d’années depuis 1925, ait joué un rôle. Quand, en 1928, le pouvoir britannique avait institué des quotas pour les Intouchables, aussi bien dans les administrations que dans la représentation élective, le Congrès national indien s’y était montré défavorable, et Gandhi lui-même, contrairement à Nehru. En 1950, donc dans une Inde indépendante passée sous le pouvoir du Congrès national indien, la loi anglaise des quotas fut maintenue mais en excluant les musulmans et les chrétiens, ce qui était donc une régression de l’égalité devant la loi. Plus près de nous, l’exemple emblématique de cette intransigeance est la destruction de la mosquée de Babur, premier empereur moghol, édifiée en 1527 à Aoude (Ayodhya), au bord de la rivière Sarayu, dans la vallée du Gange. A cet endroit avait été érigé auparavant un temple jaïn consacré au dieu Rama, né, selon la tradition, sur ces lieux mêmes. Des ethno-nationalistes étaient venus la détruire en 1992, longtemps avant l’arrivée de Modi aux affaires[27] ; cela dit, il est vrai que Modi a encouragé la reconstruction sur ses ruines d’un temple dédié à Rama, qu’il a inauguré en janvier 2024, donc avant sa nouvelle victoire aux législatives, en déclarant que cette manifestation marquait le début d’une nouvelle ère, rompant avec la laïcité officielle de l’Etat fédéral indien[28].
Deux questions se posent pour l’avenir de cette ère nouvelle.
La première tient au nombre de musulmans au sein de l’Union : comment forcer 181 millions d’hommes à ne plus être ce qu’ils sont ? En attendant, toute conversion de l’hindouisme à une autre religion (islam, christianisme) est interdite dans 11 Etats sur 28, et Modi espère pouvoir faire adopter une loi anti-conversion au niveau fédéral, imposée à toute l’Union. Pour contrecarrer le progrès du christianisme, l’évangélisation est interdite, sous prétexte que les nouveaux baptisés seraient convertis de force : on invoque donc la liberté contre la liberté.
La deuxième question tient à l’existence des deux Etats mitoyens qui, pour être musulmans, n’en sont pas moins ethniquement indiens. Que faire du Sindh, la région de l’Indus, l’une des sept rivières sacrées de l’Inde, mais coulant aujourd’hui au Pakistan, le traversant du nord au sud ? A l’est, que faire d’un autre fleuve sacré, le Gange, qui traverse le Bangladesh ? Que faire du Brahmapoutre (« le fils de Brahma ») qui arrose lui aussi cette région soumise à l’islam au XIIIe siècle, peuplée de 162 millions d’habitants dont 90% sont musulmans ? En toute logique, l’hindouïté ne devrait, ni rationnellement, ni religieusement, exclure ces deux pays de l’horizon de sa reconquête.
Le rêve d’unification linguistique
Nous l’avons dit, la Constitution de l’Inde, adoptée après l’indépendance en 1950, reconnaît 22 langues, mais avec un statut de langues régionales. Là encore, la mauvaise réputation de Modi cache un impérialisme hindi qui précède de très loin son accession au pouvoir, car dès 1950, à l’article 343 de la Constitution, il était prévu que la langue anglaise, la seule à pouvoir être parlée par tous, cèderait le pas à l’hindi en 1965. Naturellement, les autres locuteurs, 60% de la population, se récrièrent tant et si bien que New-Delhi recula. Pour sensibiliser la population, Modi stigmatise l’usage de l’anglais comme trahissant « une mentalité d’esclaves » héritée de l’époque coloniale, mais les non-locuteurs, en particulier ceux du sud, ne se laissent pas convaincre, d’autant moins que leur région n’a jamais été unie au nord et au centre avant l’époque du Raj britannique.
Là encore, même s’il est vrai que les autres langues (le tamoul, l’ourdou etc.) sont loin derrière, compte tenu de la masse démographique concernée : 100 millions de Bengalis, 90 millions de Marathis, autant de Télougous, 75 millions de Tamouls, etc., donc de leur capacité de résilience, on peut se demander si ces populations se laisseront toujours dominer par les locuteurs hindis regroupés au nord et une partie du centre.
Conclusion
Durant des millénaires, on a parlé « des Indes » comme d’une civilisation comprenant une diversité ethnique, linguistique et politique, dont l’unité était assurée par une même religion ; encore que le bouddhisme, sorte d’hérésie du brahmanisme, soit venu une première fois diviser l’ensemble ; mais remarquons que, sauf aux marges himalayennes et à Ceylan, cette hérésie, germée dans l’esprit d’un « khsatriya »[29], si elle s’est répandue jusqu’en Bactriane (Afghanistan) et a converti la dynastie maurya[30], n’a pas pu se maintenir dans la Péninsule au-delà d’un millénaire, jusqu’à l’invasion musulmane qui lui a été fatale[31]. L’islam aura greffé sa religion sur une civilisation déjà présente, qu’il n’a pas modifiée sous bien des aspects, un peu comme le christianisme a renversé les religions païennes tout en conservant la culture gréco-romaine. Ajoutons que seule la civilisation persane, convertie elle aussi à l’islam, pouvait prétendre rivaliser avec la civilisation indienne. Toutefois, l’empire moghol, certes le plus durable, n’a jamais pu être autre chose qu’un empire, vulnérable devant la seule réalité intangible, la nation.
Il ne fait guère de doute que l’Union indienne a repris à son compte l’idée impériale du Raj britannique. Mais aujourd’hui, en 2024, son histoire est encore brève. Rien n’exclut que cette péninsule, déjà divisée par la Partition de 1947, ne se divisera pas de nouveau à l’avenir, sur des critères linguistiques, ne serait-ce que par réaction à l’impérialisme de l’hindi.
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SOURCES
[1] Pierre Meile : La Population de l’Inde, in revue Population 1948 n°1. Rappelons que le Pakistan d’alors comprenait également l’actuel Bengladesh.
[2] D’une superficie de 4,5 millions de kms² en comptant le Pakistan et le Bengladesh ; 3,3 millions pour la seule Union.
[3] Censusindia.gov.in, 2018.
[4]https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.thehindu.com%2Fnews%2Fnational%2Flanguage-survey-reveals-diversity%2Farticle4938865.ece#federation=archive.wikiwix.com&tab=url
[5] Avec 250.000 vers, c’est le plus long poème jamais composé, entre l’arrivée des Aryens et le VIe siècle de notre ère.
[6] Le mot signifie « gouvernement », ou « règne », pensons au latin rex, regis, ou regnum, qui indique une parenté linguistique.
[7] Poros fut vaincu à la bataille de l’Hydaspe en 326 AC.
[8] Le mot a été imposé par les Britanniques après la répression des Cipayes en 1857 en remplacement de « royaume », pour mieux marquer la suréminence du souverain britannique, mais « raja » signifie bien « roi », et « maharaja » « grand roi ».
[9] La ville a repris en 2014 son nom originel Vijayapura, pour effacer le souvenir toponymique de la domination musulmane de culture persane.
[10] Traduite et publiée en 1829 par John Briggs (1785-1875) sous le nom de History of the rise of the mahomedan power in India.
[11] Administrativement parlant, elle ne fut intégrée au Raj qu’en 1886.
[12] Un mot persan signifiant « soldat », ayant donné « spahi ».
[13] L’Afrique du Sud s’inspirera de ce nom pour créer en 1912 l’African National Congress (ANC).
[14] En particulier dans sa gestion de la grande famine de 1876-78 qui endeuilla la moitié sud du Raj, de Bombay à Madras en passant par Hyderabad et Mysore.
[15] Ce sont des Persans, fidèles de la religion zoroastrienne, qui ont fui les invasions musulmanes de la Perse.
[16] Sous l’étiquette libérale, entre 1892 et 1895. Il se montra favorable aux Irlandais, aux Suffragettes, et quoiqu’élu à Finnsbury, se considérait aussi comme un représentant des Indes.
[17] Sva : soi ; raj : le gouvernement. Le svaraj est donc au moins l’autonomie.
[18] Son père avait participé à la révolte des Cipayes au service de la reine (rani) de Jhansi, Lakshmi Bai. En 2013, Modi, son successeur à la tête exécutive du Gujarat, ordonna la construction en son honneur d’une statue de 182 mètres, la plus haute du monde, qu’il inaugura en 2018.
[19] Une deuxième guerre se produisit en 1965, à nouveau stoppée sur injonction de l’ONU.
[20] Alors réduite aux trois comptoirs de Goa, territoire principal, et Diu et Daman au Gujurat.
[21] Lors d’un premier referendum tenu en 1947, la population avait rejeté son intégration. L’invasion militaire fut suivie d’un nouveau referendum, cette fois-ci favorable, qui, naturellement, laisse planer un doute.
[22] « La Grande âme », surnom de Mohandas Gandhi qui a été la figure spirituelle de l’indépendantisme.
[23] Le safran est la couleur sacrée de l’hindouisme, renvoyant au feu nourricier, à la lumière.
[24] Capitale du royaume du même nom, qui fut directement administré en 1853 après la mort sans héritier de son souverain Raghoji III. En 1907, les Anglais, considérant la ville comme le centre de l’Inde, y avaient érigé un obélisque intitulé « Borne kilométrique zéro (zero mile stone).
[25] Ayant remporté l’élection, le ministre en chef est nommé par le gouverneur de l’Etat (lui-même nommé par le Président de l’Union).
[26] Contrairement à ce que l’on pourrait croire à cause de la durée de la domination britannique, 70% d’entre eux sont catholiques, les 30% restants se partageant entre orthodoxes et protestants. Ils viennent majoritairement des Sans-castes, les Intouchables (Dalit).
[27] Des inscriptions en sanskrit retrouvées sous les fondations ont prouvé l’existence de ce temple avant l’invasion moghole.
[28] Le BJP sait contourner cette laïcité en décrétant par exemple des journées sans alcool (au motif que Gandhi s’en abstenait), non par interdit religieux (d’ailleurs inexistant dans l’hindouisme) mais pour assurer la sécurité routière.
[29] Le nom originel de Bouddha était Gautama, de la caste des princes et guerriers, né au VIe siècle AC au Népal.
[30] Avec la conversion du roi Ashoka (304-232 AC), troisième empereur de cette dynastie.
[31] Le bouddhisme étant un universalisme comme l’islam, ce sont deux universalismes qui se faisaient face, et la violence de l’islam l’a emporté. C’était plus difficile face au brahmanisme protégé par son système de castes, incompatible avec une vision religieuse universaliste.
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L’article est déverouillé. Bonne lecture !