Nouvelle configuration géopolitique et effondrement de l’ordre juridique issu du monde unipolaire
Comment interpréter le conflit au Haut-Karabagh selon l’angle de la géopolitique ? Pour avancer une hypothèse géopolitique, il est nécessaire de replacer cette crise dans la configuration mondiale émergente, c’est-à-dire l’évolution de l’ordre géopolitique. Le droit international comme grille d’analyse unique n’a pas beaucoup d’utilité pour comprendre la situation en dehors de la manière dont il est instrumentalisé par les puissances rivales. Nous laisserons ici de côté la dimension historique [1] sur le temps long, dimension très importante pour rendre intelligible ce conflit, pour mieux nous concentrer sur les enjeux de pouvoir actuels entre grandes puissances. La guerre au Haut-Karabagh confirme que les frontières en Eurasie changent et se déplacent à nouveau, car depuis la fin du monde bipolaire après la disparition de l’URSS, un processus de dégel des territoires s’est mis en mouvement avec l’émergence du monde multipolaire. Nous assistons au retour des guerres de conquêtes territoriales à l’échelon local et régional, liées aux enjeux de rivalités des puissances à l’échelle mondiale, avec un ajustement entre zones d’influences par une guerre dite par « proxy » (deux puissances qui utilisent une tierce partie comme supplément ou substitut pour se battre). Le monde se fragmente et ouvre la voie à une recomposition des territoires, avec déplacement des fronts et l’apparition d’un nouveau tracé des lignes rouges entre grandes puissances. Les dynamiques géopolitiques sous-jacentes ressemblent de plus en plus au monde tel qu’il fonctionnait avant la Seconde Guerre mondiale. La Transcaucasie (composée de la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan) est un espace charnière entre l’Europe et l’Asie et une zone de collision entre les visions géopolitiques antagonistes de grandes puissances depuis des siècles. La configuration géopolitique émergente n’est pas sans rappeler les rivalités qui avaient opposé au XIXème et début du XXème siècle les empires russe (puis soviétique), ottoman (et ensuite Turquie), perse, britannique, français, allemand, austro-hongrois et italien dans différents espaces de confrontation interconnectés incluant l’Europe, les Balkans, l’Afrique du Nord, la Méditerranée, la Mer Noire, le Caucase, le Moyen Orient, l’Asie centrale, et l’Asie du Sud-Ouest avec l’Afghanistan. Aujourd’hui, les rivalités s’élargissent à l’échelle de l’Eurasie entière et sur les théâtres secondaires de l’Afrique et de l’Amérique du Sud avec une multiplication des acteurs incluant les États-Unis, la Chine, l’Inde, Israël, la Syrie, l’Irak et les pays du Golfe… Les arènes géopolitiques sont aussi plus diversifiées et enchevêtrées avec des rivalités sur les espaces terrestres, maritimes, aériens mais aussi le spatial, le cyberespace, l’espace numérique et l’espace-temps de l’intelligence artificielle, au moyen des outils militaires, économiques, énergétiques, démographiques ou encore la guerre de communication. Le droit international ne peut pas être légitime sans ordre spatial[2]. Cela signifie que les résolutions des Nations Unies sur le Haut-Karabagh ainsi que le groupe de Minsk de l’OSCE[3], reflets de la période unipolaire marquée par l’affaiblissement de la Russie après la chute de l’URSS, sont obsolètes depuis longtemps. Cela vient d’être acté par la nouvelle situation géopolitique, c’est-à-dire le nouvel ordre spatial, ouvrant la voie à un nouveau régime juridique encore inconnu. La guerre au Haut-Karabagh a été préparée depuis longtemps par l’Azerbaïdjan, grâce à ses revenus pétroliers, avec le soutien de la Turquie[4]. Il est toutefois impossible à ce stade de connaître le degré de connivence des autres puissances face à l’imminence de l’offensive, mais à partir du moment où cette guerre était enclenchée, chacune estimait pouvoir en retirer au final un avantage géopolitique décisif. Un cessez-le-feu durable a fini par être accepté par les belligérants le 9 novembre au terme de six semaines de conflit, après le début des hostilités le 27 septembre. Selon l’accord entré en vigueur le 10 novembre entre les belligérants militaires, l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont sous la férule de la Russie avec des effets asymétriques. Dans leur entreprise de conquête, les Azerbaïdjanais n’obtiennent pas la totalité du Haut-Karabagh mais les territoires qu’ils ont repris militairement sur la partie sud du Haut-Karabagh, la ville de Chouchi incluse, et les sept territoires adjacents qui servaient de zone tampon pour les Arméniens. Le Haut-Karabagh (la République autoproclamée de l’Artsakh) se voit dépecé de plus des trois-quarts de ses possessions territoriales avant le conflit au profit de l’Azerbaïdjan. Les populations de ces territoires ont fui, ce qui équivaut à une épuration ethnique définitive car il est peu probable qu’elles reviennent. En revanche, les Azéris, qui ont aussi subi une épuration ethnique de la part des Arméniens après la guerre de 1994, sont supposés réinvestir ces zones. La portion congrue du Haut-Karabagh qui va rester aux Arméniens retournera probablement à une situation de « conflit gelé ». Son statut n’est pas encore déterminé par les accords.Les Russes vont donc contrôler toutes les voies stratégiques des uns et des autres.
La Turquie renforcée dans le Caucase du Sud mais endiguée par la Russie
La nouvelle configuration géopolitique n’aboutit pas à un nouveau condominium russo-turc dans le Caucase du Sud, à l’image du processus d’Astana initié par la Russie, la Turquie et l’Iran en 2017 pour la Syrie. C’était pourtant une revendication turque pour la résolution du conflit au Haut-Karabagh, même si la Turquie a renforcé son influence en Azerbaïdjan. L’alliance politique et militaire[10] de l’Azerbaïdjan avec la Turquie a rendu possible l’offensive de l’Azerbaïdjan. Sans le soutien de la Turquie, elle n’aurait pas pu avoir lieu. Avec ce nouveau conflit, la Turquie a poursuivi son expansion géopolitique en ouvrant un nouveau front dans le Caucase après ses opérations militaires sur les territoires libyen, syrien et irakien, ses revendications maritimes en Méditerranée orientale et ses provocations à Chypre[11]. La Turquie a donc cherché à renforcer son statut de puissance régionale dans le Caucase du Sud. Elle a pourtant été freinée dans ses ambitions initiales par la Russie. La Turquie souhaitait être incluse officiellement dans le format de négociation pour le cessez-le-feu et la période post-conflit. Elle a été écartée formellement de l’accord du 9 novembre signé entre la Russie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, puisqu’elle n’est pas signataire du compromis, même si une négociation en coulisses entre Russie et Turquie a vraisemblablement eu lieu. Comme la Turquie est membre de l’OTAN et que le Haut-Karabagh est situé dans l’« étranger proche » de la Russie, cette dernière ne pouvait pas lui octroyer le statut de partenaire sur un pied d’égalité pour inaugurer un condominium russo-turque au Haut-Karabagh, à l’image du processus d’Astana en Syrie. Il n’y aura donc pas de forces d’interposition turques au Haut-Karabagh mis à part des observateurs dans un centre d’observation du cessez-le-feu, seule concession symbolique accordée aux Turcs. La Turquie revendique aussi un nouveau corridor Turquie-Azerbaïdjan en passant par le Nakhitchevan et le Sud du Haut-Karabagh, qui pourrait être prolongé vers l’Asie centrale en traversant la mer Caspienne. Selon l’accord du 9 novembre, ce corridor lui serait accordé, mais sous supervision des Russes, et croiserait l’axe Arménie-Iran. Toutefois, l’interprétation des accords diffère entre les Russes, les Azéris et les Turcs qui essaient de poursuivre la négociation pour maximiser leur présence. La Russie a également fait pression sur la Turquie en bombardant les islamistes pro-turcs en Syrie, afin de leur envoyer un signal fort face à l’arrivée de ces mercenaires islamistes vers le Haut-Karabagh[12]. Chez les experts, une soi-disant alliance ou connivence russo-turque, pour se tailler et partager des zones d’influence au détriment des Européens et des États-Unis, a souvent été invoquée. Cette thèse est à relativiser. La prépondérance croissante des acteurs régionaux pour la gestion des conflits, c’est à dire la régionalisation des enjeux géopolitiques relève de l’évolution de la configuration géopolitique européenne et mondiale. La Russie est obligée de se rapprocher d’un pays qui peut aussi constituer pour elle une menace, à savoir la Turquie avec son expansion panturque et islamiste. Cette situation provient du refus de la part des États-Unis et des autres membres européens de l’OTAN, d’accorder une place à la Russie au lendemain de la disparition de l’URSS dans un nouveau concert européen et mondial, et la poursuite de son encerclement par l’expansion euro-atlantiste.« Comme la Russie a torpillé l’expansion turque en Syrie, la Turquie cherche à torpiller l’expansion russe en Libye et tente désormais de bousculer la Russie dans le Caucase. »Il n’y a pas d’alliance entre la Russie et la Turquie, mais rivalité, confrontation et identification d’intérêts tactiques communs à la suite de négociations permanentes pour tracer les lignes de front en mouvement, sans se laisser entraîner dans une guerre frontale. En prolongement de la rivalité pluriséculaire entre les empires russe et ottoman, les Russes se méfient de manière croissante de l’expansionnisme territorial mais aussi du prosélytisme panturc et islamiste ; non seulement sur le flanc sud de la Russie qui est le plus vulnérable, mais aussi sur son propre territoire avec les minorités tatares et musulmanes[13]. Comme la Russie a torpillé l’expansion turque en Syrie, la Turquie cherche à torpiller l’expansion russe en Libye et tente désormais de bousculer la Russie dans le Caucase. Un nouveau foyer d’attraction pour les mercenaires islamistes au Haut-Karabagh risquait d’affaiblir durablement la Russie sur son flanc sud. Pour éviter ce même phénomène, la Russie s’était déjà engagée en Syrie devenue, à l’époque, le théâtre de ralliements des islamistes. Elle avait stoppé ces flux grâce à son intervention en 2015. Les États-Unis ont pour objectif d’exploiter les tensions dans le Caucase du Sud à leur profit, tout comme la Russie et la Turquie, à la différence que ces deux derniers États sont directement concernés du fait de leur position géographique. Dans un monde multipolaire, il est tout à fait logique qu’un processus de régionalisation des crises émerge car les acteurs régionaux (la Russie et la Turquie) ont des intérêts géopolitiques directs en raison de leur proximité géographique. Ils forment un directoire pour gérer leurs différents ou convergences géopolitiques. Ils excluent ainsi les prétendants au monde unipolaire (les États-Unis et leurs alliés proches) qui s’arrogeaient auparavant le droit de se mêler de toutes les crises à l’échelle globale. L’évolution de la posture des États-Unis accélère ce phénomène car ils se retirent des premières lignes mais privilégient les États-pivots sur certains théâtres, comme la Turquie aux frontières de l’« étranger proche » de la Russie. La Russie n’est pas tombée dans le piège de la confrontation directe avec la Turquie, ni en Syrie, ni au Haut-Karabagh. Elle poursuit sa relation de rivalité permanente ponctuée d’accords provisoires et précaires avec la Turquie. Ce faisant, la Russie a pour objectif d’éloigner la Turquie de l’OTAN, afin de fissurer l’alliance, tandis que la Turquie joue un double jeu, mais reste plus proche de l’OTAN.
Les États-Unis en retrait apparent cherchent à faire pivoter la Turquie contre la Russie
Les États-Unis, qui ont des intérêts globaux et se mêlent habituellement des conflits dans le monde entier, se sont curieusement mis en retrait dans cette guerre au Haut-Karabagh. Cela est d’autant plus surprenant que l’un des protagonistes, la Turquie, est membre de l’OTAN et que les États-Unis partagent la co-présidence du groupe de Minsk avec la Russie et la France, groupe dans lequel le lobby arménien est très actif. En dehors d’une diplomatie déclaratoire par le communiqué commun de Donald J. Trump, Emmanuel Macron, Vladimir Poutine pour une cessation des hostilités dans le cadre du groupe de Minsk (1er octobre), une tentative de négociation de cessez-le-feu humanitaire le 25 octobre à Washington (25 octobre) et une déclaration de Donald Trump sur le courage des Arméniens[14] sans doute destinée à l’électorat arménien, rien n’a été entrepris pour modérer la Turquie. Le soutien de la Turquie à l’Azerbaïdjan a pourtant été décisif pour engager cette guerre. Un argument est souvent invoqué : la campagne électorale aurait détourné l’attention des États-Unis sur le conflit au Haut-Karabagh. Mais cet argument bute sur l’élément suivant : pendant cette période électorale, la diplomatie des États-Unis s’est poursuivie imperturbablement sous la direction du secrétaire d’État Mike Pompeo. Celui-ci a notamment apporté son soutien à la Grèce, lors d’une visite les 26 et 27 septembre (la guerre au Haut-Karabagh a débuté le 27 septembre) avec pour message l’endiguement de la Turquie dans les zones économiques exclusives (ZEE) de la Grèce et Chypre regorgeant de gaz, mais aussi de la Russie en Méditerranée orientale[15]. Un mécanisme de « déconfliction » entre la Grèce et la Turquie a été inauguré à l’OTAN et la diplomatie des États-Unis a clairement pris position en défaveur de la Turquie, pendant le mois d’octobre[16] en Méditerranée orientale, pendant que le conflit au Haut-Karabagh se poursuivait. La diplomatie américaine a aussi encouragé la Turquie à contrer la Russie en Syrie[17]. Pourtant rien n’a été entrepris de semblable vis-à-vis du conflit au Haut-Karabagh, mis à part de vagues déclarations dans les médias[18]. Les États-Unis ne sont donc pas neutres vis-à-vis de la posture de plus en plus agressive de la Turquie. Toutefois, leurs prises de position sont sélectives : soit ils font preuve de complaisance voire encouragent la Turquie lorsqu’elle ses actions sont dirigées contre la Russie, soit ils lui posent des limites lorsque cela menace la cohésion de l’OTAN. Même dans le cadre d’un engagement sélectif, la neutralité n’existe pas. Le silence ou l’absence de réaction concrète en géopolitique vaut souvent approbation pour les grandes puissances.Pour comprendre, il faut rappeler le contexte géopolitique de la nouvelle rivalité des puissances à l’échelle mondiale. La Chine et la Russie ont été désignées par les États-Unis comme leurs puissances rivales et l’Iran comme un « État voyou »[19]. Dans le cadre de leur objectif de ralentir l’émergence du monde multicentré, les États-Unis soutiennent les États-pivots du « Rimland » eurasien contre la Russie, la Chine et l’Iran.
Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont opéré un retrait apparent du théâtre européen et eurasien. Il n’est plus question d’opérations militaires comme en ex-Yougoslavie, ou de soutien explicite à un changement de régime comme en Ukraine. Ils se retirent des premières lignes de front[20], en laissant d’autres États occuper l’espace géopolitique en fonction des circonstances et des zones géographiques pour réduire le poids de leurs adversaires. Ils soutiennent donc des États-pivots comme la Pologne et la Turquie et des États-fronts comme l’Ukraine sur la ligne de fracture avec la Russie allant du Nord-est de l’Europe jusqu’en mer Méditerranée au sud, mer Noire et Caucase au sud-est.
En ce qui concerne la Russie, les crises héritées de la disparition de l’URSS, qui éclatent dans son « étranger proche », sont exploitées de manière calibrée pour éviter un conflit de haute intensité[21] ou de manière indirecte par les États-Unis. Ces instabilités forment un arc de tensions qui tendent à renforcer la perception d’encerclement[22] de la Russie et sont mises à profit pour provoquer son épuisement dans les points chauds multiples de sa proximité géographique. Dans cette manœuvre stratégique, le Royaume-Uni se positionne en synergie avec les États-Unis pour contrer la Russie dans le cadre de l’OTAN mais aussi au niveau bilatéral (voir carte – Stratégie géopolitique des États-Unis contre la Russie dans le contexte multipolaire).
« De plus en plus ambigüe dans l’OTAN vis-à-vis de ses partenaires, la Turquie s’immisce de manière opportuniste sur tous les théâtres en fonction de ses intérêts géopolitiques. »
C’est dans le cadre de cette configuration que la Turquie a ainsi une fonction de pivot pour les États-Unis et l’OTAN vers le Moyen Orient, la mer Méditerranée, la mer Noire et dans la Caucase. La Turquie s’immisce de manière opportuniste sur tous ces théâtres en fonction de ses intérêts géopolitiques. La Turquie est pourtant un allié de plus en plus ambigu dans l’OTAN vis-à-vis de ses partenaires. La Turquie achète le système d’armes russe S-400 et son programme d’achat des F35 américains a été suspendu en conséquence. L’acquisition de ce système d’arme russe par la Turquie est un moyen de pression sur ses partenaires, comme le chantage migratoire pour réduire l’opposition à ses priorités géopolitiques, tout en restant dans l’alliance atlantique. En revanche, la Turquie a pour rôle implicite au sein de l’Alliance atlantique d’éviter une victoire totale du gouvernement syrien de Bachar el-Assad et de la Russie en Syrie, d’où le soutien des États-Unis à la Turquie à Idlib[23]. La Turquie est aussi intervenue en Libye contre le général Haftar soutenu par la Russie. Enfin à l’occasion du conflit au Haut-Karabagh, la Turquie cherche à se renforcer dans le Caucase du Sud (voir carte – La Turquie : allié ambigu de l’OTAN – Défi géopolitique croissant pour l’UE et la Russie).
« La faiblesse et l’alignement des Européens sur la vision euro-atlantiste exclusive facilite l’expansion turque. »La posture géopolitique des États-Unis envers la Russie ne changera pas fondamentalement avec la nouvelle administration et on peut s’attendre à une cristallisation des tensions.
L’Iran pour un endiguement de la Turquie, d’Israël et de l’OTAN
L’Iran, rival de la Turquie et adversaire des États-Unis et d’Israël, ne souhaite pas non plus voir s’installer des troupes turques au Haut-Karabagh, c’est-à-dire au nord de son territoire. L’Iran chiite est particulièrement opposée à l’arrivée de mercenaires islamistes sunnites à ses frontières, mais aussi de l’influence de l’OTAN. Sa position est proche de celle de la Russie, comme en Syrie, pour soutenir Bachar El-Assad contre l’État islamique, et faire contrepoids à la Turquie, les États-Unis et Israël. En ce qui concerne les termes de l’accord accompagnant le cessez-le-feu au Haut-Karabagh, l’Iran est d’avis que le corridor de transport Nakhitchevan-Azerbaïdjan ne barre pas les flux du corridor Arménie-Iran. Cette ligne rouge des Iraniens va amener les Russes à être vigilants quant au contrôle de ces corridors dont ils auront la charge.Les limites de l’Union européenne dans le Caucase du sud
L’Union européenne, divisée en raison des positions différentes des États-membres envers la Turquie et la Russie, a été marginalisée dans la résolution du conflit du Haut-Karabagh. Jusqu’à présent, les pays de l’UE ont été incapables de s’accorder pour renforcer les sanctions[36] contre la Turquie malgré que celle-ci soit en conflit territorial avec deux membres de l’UE, la Grèce et Chypre, à propos des zones économiques exclusives en Méditerranée orientale. L’attentisme de l’UE s’est renforcé sur le nouveau conflit au Haut-Karabagh. Les prochains sommets européens de décembre sera l’occasion d’examiner si les lignes vont bouger[37]. L’Arménie et l’Azerbaïdjan, comme la Géorgie, sont des États associés au partenariat oriental de l’UE, programme de coopération dans le cadre de sa politique de voisinage au moyen duquel elle s’efforce de renforcer ses liens et son influence dans le Caucase du Sud. Avec le renforcement probable de l’emprise russe en Arménie et de la Turquie en Azerbaïdjan, le programme du partenariat oriental atteint ses limites du point de vue politique, mais pourrait être dirigé vers des aides aux populations et de reconstruction. L’objectif de certains États membres d’utiliser ce programme pour donner une orientation européenne aux États du Caucase du Sud, voire implicitement un élargissement futur, va être bridé. La classe politique arménienne va traverser une période de troubles politiques en raison de la colère des Arméniens vis-à-vis du Président arménien Nikol Pashinyan, considéré comme le perdant des négociations. L’Arménie va peut-être s’orienter plus fermement vers l’Union économique eurasienne pilotée par la Russie. On peut conclure que la poussée euro-atlantique atteint ses limites car si l’UE et l’OTAN sont complémentaires, ils sont aussi en « surextension ». Il est assez logique que, dans un monde de plus en plus multipolaire, les forces géopolitiques régionales priment de plus en plus. L’UE, dont les paradigmes reposent sur la vision d’un monde unipolaire en synergie avec les États-Unis, peine à s’affirmer dans sa proximité géographique face à la Turquie et la Russie. Quels intérêts géopolitiques de la France au Caucase ? La France est l’État-membre de l’OTAN et de l’UE qui a eu la position la plus proche de la Russie au sujet du Haut-Karabagh avec la dénonciation de la présence de mercenaires islamistes syriens envoyés par la Turquie[38]. Elle n’a cependant apporté qu’un soutien moral à l’Arménie, cherchant à maintenir une position neutre en raison de son rôle au processus de Minsk. La diplomatie française est pourtant en recul puisque le groupe de Minsk de l’OSCE, dont elle partage la co-présidente avec la Russie et les Etats-Unis, a été marginalisé lors de l’accord de cessez-le-feu négocié par la Russie. La Russie reste de toute manière le seul État qui avait toutes les cartes en main pour stopper le conflit au Haut-Karabagh en faisant pression sur la Turquie et les belligérants. Au sujet du Haut-Karabagh, la France et l’Allemagne n’ont pas négocié de réponse commune en raison de leurs positions divergentes vis-à-vis de la Turquie, mais aussi à propos de la Russie. La France est l’État le plus en pointe pour s’opposer à l’expansion de la Turquie en Méditerranée orientale et pour promouvoir une nouvelle architecture de sécurité européenne avec la Russie. Vis-à-vis de la Turquie, l’Allemagne préfère la négociation à la confrontation. L’Allemagne cherche avant tout à préserver l’unité de l’OTAN et ne veut pas mettre en cause ses liens économiques[39] ni ses flux migratoires avec la Turquie. Elle possède une très grande diaspora turque ; elle est donc prisonnière du chantage turc après avoir confié à la Turquie la garde des frontières de l’UE, lors de la crise migratoire en 2015. Les enjeux géopolitiques du Caucase du Sud, au carrefour de l’Europe et de l’Asie, concernent pourtant l’Europe toute entière[40] et en particulier la France qui a en plus des intérêts stratégiques en Méditerranée orientale, même si le Caucase n’a jamais fait partie de son pré-carré. La France possède aussi un héritage civilisationnel commun avec l’Arménie chrétienne et une forte diaspora arménienne assimilée à la nation française. Or, l’expansionnisme territorial de nature pan-turquiste et islamiste de la Turquie menace l’Arménie, avant-poste oriental de la civilisation occidentale, et risque aussi de déstabiliser la Méditerranée et l’Europe balkanique, avec des prolongements sur le territoire européen en raison de la présence des diasporas turques qui sont autant de leviers pour le président Recep Tayyip Erdogan[41]. Le Caucase étant éloigné de la France et faisant partie de la zone d’influence russe, une posture spécifique de la France, qui aille au delà de l’aide humanitaire et culturelle pour protéger le patrimoine de la région, n’en demeure pas moins importante. C’est la présence militaire russe qui sera décisive pour protéger le Haut-Karabagh, mais la France peut aider à stabiliser la situation. S’impliquer dans le Caucase du Sud permet aussi à la France de faire pression sur la Turquie en la prenant à revers. Outre la promotion de la stabilité pour tous les peuples du Caucase, son rôle devrait avoir pour objectif d’endiguer l’expansionnisme turc, mais avant tout sur les territoires où elle peut jouer un rôle décisif, c’est-à-dire en Méditerranée orientale. Dans son rôle de défenseur de la liberté des nations, Arménie et Azerbaïdjan comprises, la France a pourtant aussi un rôle à jouer pour contribuer à ce que le Haut-Karabagh ne soit pas conquis dans son entièreté lors d’un conflit futur et puisse s’engager dans un processus d’autodétermination[42]. La Turquie considère que l’Arménie est un obstacle à ses ambitions territoriales panturques, et va jusqu’à considérer que la Turquie et l’Azerbaïdjan sont deux États pour une même nation. L’Azerbaïdjan était un État resté jusqu’à présent indépendant et laïque. Il serait judicieux d’éviter une emprise croissante de la Turquie sur l’Azerbaïdjan. Pour atteindre cet objectif, c’est une politique d’alliances régionales qui serait adéquate. La seule manière pour les Français de renforcer leur poids dans leur proximité géographique est de se rapprocher au niveau bilatéral de la Russie pour endiguer la Turquie, avec les États européens favorables à cette approche, notamment la Grèce, Chypre et l’Italie, et dans la mesure du possible, l’Allemagne. La Russie se trouverait ainsi moins seule dans son objectif de contenir la Turquie. Dans le cas contraire, la Russie sera tentée de s’accorder avec la Turquie contre les intérêts des États européens. Si la France ne cherche pas à construire des alliances européennes plus ciblées, en coordination avec la Russie qui se renforce aussi dans le pourtour géographique de l’UE, elle risque d’être écartée non seulement du Caucase, mais des zones plus proches et stratégiques pour ses intérêts en Syrie et en Libye. Une inflexion de la position des États-Unis n’est pas non plus à exclure, même si les fondamentaux géopolitiques vont se prolonger. Si la nouvelle administration des États-Unis se préoccupe de leur alliance avec les Européens, c’est le moment pour eux d’essayer de faire passer le message que l’impunité de la Turquie et l’hostilité envers la Russie ne correspondent ni aux intérêts de la France ni aux intérêts de l’Europe. La réactivation du groupe de Minsk (bien que ce format n’ait pas été décisif pour obtenir l’accord de cessez-le-feu) peut à nouveau jouer un rôle à l’avenir car la Russie a peut-être intérêt à ne pas donner trop d’espace à la Turquie. Mais cela dépend aussi de la bonne volonté des Européens. Des initiatives pour contrer et faire pression sur la Turquie peuvent être complémentaires, notamment au sein de l’Union européenne (avec la remise en cause de l’accord douanier et les aides de préadhésion entre l’UE et la Turquie), au Conseil de l’Europe, ou au moyen de coalitions plus restreintes, si cela s’avère impossible en raison des désaccords entre États-membres. Contrairement à ce qui est affirmé par la diplomatie française, la France n’est pas obligée de maintenir une position de stricte neutralité[43] (qui est par contre dans l’intérêt de la Russie), d’autant plus que la Turquie soutient ouvertement l’Azerbaïdjan et cherche à marginaliser la France. C’est bien évidemment aussi pour défendre le principe de l’équilibre en Europe et en Eurasie que la France devrait exprimer une position plus claire. Si à l’avenir le rôle de médiateur de la Russie restera central, l’alliance turco-azérie avec le soutien non explicite des États-Unis et du Royaume-Uni, en plus de la complaisance de l’OTAN et de l’UE, aboutit à une configuration très déséquilibrée en défaveur des Arméniens. La France, en soutenant de manière plus franche l’Arménie, en coordination avec les alliés européens les plus proches comme la Grèce et Chypre, pourrait contribuer à rétablir la balance vis-à-vis de la Turquie, en synergie avec la Russie. Perspectives : la pertinence d’une nouvelle architecture de sécurité européenne et eurasienne Pour une résolution des différents conflits gelés sur le flanc oriental de l’Europe, en particulier le Haut-Karabagh dont l’avenir n’est toujours pas déterminé, une nouvelle architecture de sécurité européenne et eurasienne de sécurité reste pertinente à l’avenir. Il est illusoire de croire à la résolution des différents conflits au cas par cas, car ils font partie d’une problématique systémique plus large, la rivalité entre la Russie, la Turquie, et les États-Unis. Ils peuvent être réactivés à tout moment en fonction des évolutions des rapports de force. Tant que la menace d’un élargissement de l’OTAN pèsera sur l’étranger proche de la Russie, et que l’UE se considèrera comme une entité complémentaire à l’OTAN, il n’y aura pas d’avancée significative. Il est aussi un intérêt pour la France à promouvoir cette nouvelle architecture européenne de sécurité avec la Russie, pour un meilleur équilibre géopolitique en Europe et Eurasie, selon la vision gaullienne de l’Atlantique à l’Oural (au Pacifique dirait-t-on aujourd’hui). Cela exige un arrêt de l’élargissement de l’OTAN, mais aussi de l’UE, afin que l’Europe ne soit plus le théâtre de la rivalité russo-américaine, selon une vision exclusivement euro-atlantiste.[2] Carl Schmitt, Le Nomos de la terre, PUF, 2017, 363 p. (traduction de l’ouvre originale parue en 1950).
[3] Organisation pour la Coopération et la Sécurité en Europe (OSCE)
[4] https://cf2r.org/wp-content/uploads/2020/11/denece.pdf
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_de_cessez-le-feu_au_Haut-Karabakh_du_10_novembre_2020
[6] Dmitri Trenin, Moscow’s new rules, Carnegie Moscow center, 21-11-2020 https://carnegie.ru/commentary/83208
[7] http://lemonderusse.canalblog.com/archives/2020/10/12/38585720.html?fbclid=IwAR3cNHp_ukk8G48jqFQDsar302yN_u1sqcDaIZ-sLsK-zy3LdNzX3K7rm4I
[8] Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Trait de défense mutuelle crée en 2002 comprenant l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan.
[9]https://www.courrierinternational.com/article/strategie-haut-karabakh-largent-de-soros-se-dresse-entre-larmenie-et-la-russie
[10]D’après certains analystes, l’Etat-major Turc fut le commandant en chef des opérations pour l’offensive turco-azérie au Haut-Karabagh ainsi que fournisseur de mercenaires islamistes provenant de Syrie et d’armements, notamment des drones. https://vudailleurs.com/le-haut-karabagh-une-guerre-turque-par-gerard-vespierre-par-gerard-vespierre-chercheur-en-relations-internationales/
[11]https://fr.euronews.com/2020/10/07/chypre-nord-reouverture-controversee-du-littoral-de-varosha?fbclid=IwAR1F1gihiKrcf7ucJJFSYic6C5AB_EGmy1_K_-inX3ODClYCFNztfue_NSo
[12]https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/26/pres-de-80-rebelles-syriens-proturcs-tues-dans-des-frappes-a-idlib_6057447_3210.html
[13] Andrey Kortunov, « Recep Erdogan in a Russian minfield », RIAC, 2 October 2020. https://russiancouncil.ru/en/analytics-and-comments/analytics/recep-erdogan-in-a-russian-minefield/
[14]https://www.ouest-france.fr/europe/armenie/armenie-et-azerbaidjan-s-engagent-a-nouveau-sur-un-cessez-le-feu-humanitaire-des-lundi-7028997
[15] https://www.neweurope.eu/article/pompeos-greece-visit-underlines-turkeys-isolation/
[16]https://www.newsweek.com/us-faces-fight-two-allies-what-greece-turkey-want-1539215
[17]https://tr.usembassy.gov/deputy-secretary-bieguns-remarks-at-the-38th-american-turkish-conference/
[18] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/pompeo-dit-esperer-que-l-armenie-puisse-se-defendre-face-a-l-azerbaidjan-20201015
[19] National Security Strategy (NSS) of the United States of America, December 2017, https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2017/12/NSS-Final-12-18-2017-0905.pdf
[20] Comme la Russie se concentre sur des zones stratégiques à ses frontières ou dans sa proximité régionale, elle risque moins la surextension comme l’URSS et garde un avantage stratégique, d’ou la stratégie plus indirecte des Etats-Unis en soutenant des Etats pivots et des Etats-Fronts.
[21]https://www.rand.org/pubs/research_reports/RR3063.html
Extending Russia – Competing from Advantageous Ground; by James Dobbins, Raphael S. Cohen, Nathan Chandler, Bryan Frederick, Edward Geist, Paul DeLuca, Forrest E. Morgan, Howard J. Shatz, Brent Williams; RAND Corporation, 2019[22] Rebuilding collective security in the Black Sea region, Neil J..Melvin, SIPRI policy paper, December 2018 https://www.sipri.org/sites/default/files/2018-12/sipripp50_0.pdf
[23]https://tr.usembassy.gov/deputy-secretary-bieguns-remarks-at-the-38th-american-turkish-conference/
[24] Lors des conférences de presse, le secrétaire général de l’OTAN défend systématiquement le rôle stratégique de la Turquie. https://www.nato.int/cps/en/natohq/opinions_178528.htm?selectedLocale=en https://www.nato.int/cps/en/natohq/opinions_179665.htm?selectedLocale=en&fbclid=IwAR2dFyy0nHWwJFLdUkTQWyEO0Ka1NFdqGMEAZjJMQ_Cu6Hh0ddLXDkcetDI
[25] https://cy.usembassy.gov/secretary-michael-r-pompeo-at-the-cyprus-center-for-land-open-seas-and-port-security-memorandum-of-understanding-signing-ceremony/
[26]https://www.latribune.fr/economie/international/grece-turquie-des-manoeuvres-militaires-rivales-impliquant-les-etats-unis-et-la-france-se-poursuivent-malgre-les-appels-a-la-desescalade-855647.html
[27]https://www.lepoint.fr/monde/face-a-la-turquie-le-timide-soutien-des-etats-unis-a-la-france-17-07-2020-2384631_24.php
[28]https://www.i24news.tv/fr/actu/international/1605556141-m-pompeo-a-discute-avec-e-macron-des-actions-tres-agressives-de-la-turquie?fbclid=IwAR2s-4Maqb773NutPKHsdKhZtUMCfonmCWp3cHZu4qz1MFmfJaPP7jzoj4U
[29]https://www.state.gov/the-united-states-and-france-allies-partners-friends/?fbclid=IwAR0bEvvWhYVhHrnW1TomXW_C6ldmcyusy0qC_Jbk5PGWSpsoV9C8hIGORzI
[30] Les États-Unis ne semblent pas non plus favoriser la Turquie au point de voir émerger un format de négociation turco-russe exclusif sur l’avenir du Haut-Karabagh, qui marginaliserait totalement le groupe de Minsk dont les États-Unis partagent la coprésidence avec la Russie et la France[1]. Le groupe de Minsk s’est réuni à Moscou après le cessez le feu du 9 novembre. Son avenir n’est pas encore clairement établi et la situation est encore fluide. https://www.challenges.fr/top-news/haut-karabakh-consultations-du-groupe-de-minsk-mercredi-a-moscou_737838
[31] Il comprend l’axe énergétique pétrolier Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) et l’axe gazier Bakou-Tbilissi-Erzurum et le Trans-Anatolian Natural Gas Pipeline TANAP),
[32] https://www.fpri.org/article/2020/11/the-realist-victory-in-nagorno-karabakh/
[33] https://eurasianet.org/perspectives-how-us-hawks-fixation-on-iran-endangers-middle-east-christians?fbclid=IwAR3JyTa-5K5F6liWOwvASCfPlP2c9H4yyO9DYvrjskKZMWuZuL0N6XBteYE
[34] https://www.rfi.fr/fr/europe/20201001-haut-karabakh-isra%C3%ABl-partenaire-longue-date-l-azerba%C3%AFdjan
[35] https://www.euractiv.com/section/global-europe/news/borrell-throws-turkey-hot-potato-back-in-eu-leaders-hands/?fbclid=IwAR2DBoz33s3E4-1fc4i-qF0f7hBLpMcbzx4vR2k2oXiYgkv4Aj6q7ys0R9o
[36] https://www.lefigaro.fr/international/l-ue-condamne-les-provocations-inacceptables-d-ankara-mais-differe-toute-sanction-a-decembre-20201029
[37] https://www.francetvinfo.fr/monde/turquie/contre-la-turquie-la-france-evoque-de-possibles-sanctions-economiques_4182365.html
[38] https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/01/haut-karabakh-paris-et-moscou-s-inquietent-de-l-envoi-de-mercenaires-syriens-par-la-turquie_6054348_3210.html
[39] https://int.ert.gr/la-grece-appelle-lallemagne-litalie-et-lespagne-a-un-embargo-sur-les-armes-a-la-turquie/
[40] https://www.revueconflits.com/laurent-leylekian-europe-armenie/?fbclid=IwAR3GFs_Z6l-C1zi2Myv8TP_r1P-XyM4gWDbX3Kcxjcw1EyxN3Bi_ZeBnPSU
[41] https://www.revueconflits.com/la-diapora-turque-en-france-le-nouveau-levier-derdogan-louis-du-breil/ ;
[42] Plusieurs scénarios sont envisageables : soit les Arméniens du Haut-Karabagh déclarent leur indépendance après un processus d’autodétermination, et fusionnent éventuellement avec l’Arménie, mais cette option rencontrera l’opposition de l’Azerbaïdjan et la Turquie, soit le Haut-Karabagh se vide progressivement de ses habitants faute de perspectives et deviendra un territoire investi par les Azéris, option qui rencontrera l’opposition des Russes, soit les Arméniens du Haut-Karabagh choisissent l’autodétermination, mais de manière officieuse en renforcent leurs liens avec la Russie qui leur octroierait des passeports russes, un peu comme en Abkhazie et Ossétie du Sud. Cette dernière option d’un protectorat russe est la plus susceptible à ce stade d’offrir la sécurité aux habitants du Haut-Karabagh en raison des rivalités géopolitiques et sans perspective de nouvelle architecture de sécurité européenne examinées dans cette analyse.
[43] http://www.opex360.com/2020/10/05/haut-karabakh-lotan-demande-a-la-turquie-duser-de-son-influence-pour-mettre-fin-aux-combats/